La ripisylve : un moyen efficace pour prévenir les crues et protéger les berges

Un rôle écologique important

On appelle ripisylve cette végétation abondante et variée qui borde les rivières.

On peut distinguer trois étages :

- arborescents : frêne, peuplier, saule blanc, etc.

- arbustifs : fusain, troène, cornouiller, saules buissonnants, etc.
- herbacées : ortie, « roseaux » etc.

La répartition des essences se fait :
- au long de la rivière, au gré du climat et du sol ;
- de part et d’autre de la rivière en fonction de la proximité de l’eau.
Ainsi trouve-t-on schématiquement les saules et les aulnes près de l’eau, les chênes en haut de berge et entre les deux sur le talus, frênes, peupliers...

Le rôle de la ripisylve est essentiel pour la rivière car elle remplit de multiples fonctions.

Les fonctions de la ripisylve

Effet filtre et épurateur

• Filtre les apports du bassin versant :
- en favorisant l’infiltration plutôt que le ruissellement
- en éliminant les nitrates. Ce sont les sels de l’acide nitrique, dont la présence dans l’eau indique une pollution d’origine agricole, urbaine ou industrielle
- en piégeant les phosphates. Ces sels de l’acide phosphorique, dont l’excès conduit à la modification et dégradation de milieu aquatique, entraînent parfois la mort des organismes animaux et végétaux supérieurs.

  •  Lutte contre l’érosion des terres agricoles en retenant les particules.
  •  Filtre les échanges entre la rivière et sa nappe d’accompagnement (nappe alluviale*).
  •  Retient les bois morts sur berge ou flottant lors des crues.

Ces phénomènes contribuent à l’autoépuration de la rivière.
L’autoépuration est le résultat d’activités naturelles - physiques, chimiques et biologiques -permettant à la rivière d’assimiler, de résorber plus ou moins certaines pollutions.

*L’eau superficielle, celle qu’on voit dans la rivière, n’est qu’une partie de l’eau présente. La rivière est accompagnée d’une nappe alluviale alimentée soit par les infiltrations d’eau de pluie, soit par la rivière elle-même. Les échanges entre rivière et nappe – et la filtration qu’opèrent les systèmes racinaires – sont permanents dans l’un ou l’autre sens.

Cependant, attention, il ne faut pas imaginer la nappe alluviale tel un lac souterrain. C’est plutôt l’ensemble de l’eau contenue dans les espaces entre les sédiments (sable, galets…) déposés par la rivière au cours des millénaires. La zone d’échange contient une faune adaptée, microorganisme, invertébrés, qui participent à l’autoépuration de l’eau.

Maintien des berges

Ce maintien s’effectue :

  •  par le système racinaire d’une végétation particulièrement adaptée au talus de berge et à la proximité de l’eau.Précisément, ce sont les saules, les frênes, les aulnes et même les peupliers blancs, ou encore la plupart des arbustes et des herbacées, qui, grâce à leurs racines, stabilisent les berges.
  • par la présence des herbes et arbustes dont les tiges et les feuilles, plaquées par le courant, protègent le sol de l’érosion.

Prévention des inondations

Lors des crues, les végétaux font opposition au courant. Ils dissipent son énergie, réduisent donc sa vitesse en limitant l’érosion et la propagation des crues. Les embâcles sont des arbres et objets divers obstruant le lit de la rivière. Dans certains cas, ils favorisent aussi le ralentissement du courant et la prévention des inondations graves. En effet, les embâcles facilitent le fonctionnement des zones d’expansion qui sont des zones naturelles, parfois des vignes et friches inondées lors des crues. Ils permettent un étalement des eaux en crue et préservent ainsi les habitations et les infrastructures.

Fonctions écologiques

La ripisylve diversifie le milieu. Elle joue avec le soleil pour donner ombre ou lumière. Les embâcles provoquent le ralentissement du courant, mais créent aussi de petites chutes et des remous. La ripisylve offre à toute la faune des caches et des abris : arbres creux, sous-caves, embâcles… Elle représente une source d’alimentation - baies, débris végétaux, insectes tombant des arbres, etc.- et fournit des lieux de reproduction dans ses herbiers et racines…
La ripisylve est un espace d’échanges, appelé écotone, entre les milieux terrestres et le milieu aquatique. Par sa présence continue le long de la rivière, elle guide et permet la circulation de la faune dans une relative sécurité en offrant un effet corridor.

Autres rôles

  • L’ombrage : les grands arbres procurent de l’ombre qui limite le réchauffement des eaux.
  • Le paysage : la bande boisée qui borde les cours d’eau est un élément structurant du paysage. Il lui donne son aspect pittoresque et caractéristique.
  • La société : autrefois, le complément de revenus (chauffage, fourrage, manches d’outils, conduites d’eau imputrescibles, etc.) que pouvait procurer la forêt alluviale n’était pas négligeable. Aujourd’hui, la rivière est avant tout un lieu de loisirs, à pratiquer dans le plus grand respect de l’environnement

Mise en garde

Sans entretien, la ripisylve ne présente pas que des avantages. Elle peut contribuer à l’uniformisation des milieux aquatiques et à la dégradation de la qualité de l’eau. On observe alors la stagnation et le réchauffement des eaux à cause des embâcles et des apports excessifs de débris végétaux, qui, en se dégradant, consomment de l’oxygène.

La ripisylve non entretenue peut également constituer un danger lors de fortes crues, en particulier aux alentours immédiats des ponts, en provoquant un effet bouchon.